03.05.2023

Egalité des chances | Bénévolat

« Nous pouvons faire en sorte que les femmes se sentent plus à l’aise dans un milieu encore majoritairement perçu comme masculin »

Comment nos concours peuvent-ils s'adresser à tous les sexes ? Nous avons trouvé des réponses à cette question il y a trois ans - en théorie. Nous nous penchons à présent sur l'impact dans la pratique. Découvrez de quelle manière les Olympiades de physique agissent en faveur de l’égalité des genres. Entretien avec Alexandra Smirnova, ancienne participante et bénévole depuis 2021 aux Olympiades de physique.

Alexandra lors du camp de préparation qui s’est déroulé en automne 2022. Image: Rafael Winkler.

Comment es-tu arrivée aux Olympiades de physique? Qu’est-ce qui t’a amenée à t’engager comme bénévole?

Je suis arrivée aux Olympiades en tant que participante, après avoir entendu parler de l’association. Avant cela, j’avais déjà participé à des concours similaires en mathématiques qui étaient organisés par l’Université de Genève. Une fois au collège, j’ai participé aux Olympiades nationales de mathématiques et de physique. J’adorais l’ambiance et toutes les possibilités qui s’offraient à moi telles que participer aux camps ou approfondir ce que j’apprenais en classe. J’ai participé trois fois aux Olympiades durant mes années de collège, et après cela, je me suis directement engagée comme bénévole! Passionnée, j’ai à cœur de soutenir la science, tout comme l’éducation. L'activisme pour l'éducation et la science est des plus inspirants!

 

Les Olympiades de physique ont organisé, pour la première fois, un week-end féminin en 2021 et ont renouvelé l’expérience en 2022. Peux-tu nous parler de ces événements et/ou de ton rôle dans leur organisation?

Ces week-ends, destinés aux filles, sont organisés par des bénévoles féminines. Ils sont l’occasion d’échanger, de partager un intérêt commun pour les questions féminines rattachées à la physique et de faire des activités. Je n’ai malheureusement jamais eu l’occasion de participer personnellement à ces événements - par manque de temps, et certainement pas par manque d’intérêt!

 

« A partir du moment où l’on fait partie d’une minorité, il y a le risque qu’on se sente moins bien au sein d’un groupe. Il est ainsi important d’aborder cette thématique afin d’amener des changements qui contribuent à favoriser l’égalité des genres. »

 

Ces week-ends entre filles, selon toi, renforcent-ils la confiance en soi des participantes?

Oui, bien sûr. Ça renforce la confiance en soi mais surtout, ils permettent d’aborder la question des femmes - minoritaires – au sein des Olympiades et éventuellement, de trouver des raisons qui expliquent cette situation. A partir du moment où l’on fait partie d’une minorité, il y a le risque qu’on se sente moins bien au sein d’un groupe. Il est ainsi important d’aborder cette thématique afin d’amener des changements qui contribuent à favoriser l’égalité des genres.

 

Dans le cadre de ces week-ends, quelle est l'importance pour les participantes d'avoir des femmes bénévoles comme modèles?

Le fait que le week-end féminin soit organisé par des femmes crée un lien de confiance, cela apporte une forme de légitimité à ces événements; les bénévoles féminines savent de quoi elles parlent, et sont ainsi plus aptes à partager leurs avis et expériences. De ce point de vue-là, il est important pour les participantes qu’il y ait des modèles féminins. Cependant, je suis convaincue que la question de l’égalité devrait également être abordée dans des espaces où les garçons peuvent également prendre la parole. En effet, selon moi, c’est une problématique qui doit être traitée par l’ensemble de la société, femmes et hommes inclus.

 

Selon Alexandra, le week-end de physique renforce l'estime de soi des participantes. Image: Olympiades de physique, 2021.

 

 

Quel défi représente pour les Olympiades de physique le fait de trouver des femmes bénévoles qui enseignent, donnent des ateliers ou des conférences?

Franchement, aucun! Nous sommes une minorité dans l’association par rapport aux bénévoles masculins, certes, mais lors des camps de cette année, plusieurs femmes sont venues donner des activités et des conférences. Nous n’avons pas rencontré de difficultés lorsque nous avons cherché à recruter des intervenantes. Si nous nous fixions pour objectif le fait d’augmenter le nombre de femmes qui interviennent lors des événements, je pense que nous y parviendrions facilement.

 

Une enquête a montré (sondage des Olympiades de la science) que les femmes sont un peu moins motivées par l'aspect compétitif que les hommes lorsqu'elles participent aux Olympiades de la science. Qu’en penses-tu?

Je n’ai pas l’impression que les Olympiades de la science soient en Suisse particulièrement caractérisées par l’aspect compétitif. Les Olympiades, c’est bien plus qu’une simple compétition, c’est avant tout l’occasion de rencontrer des jeunes qui partagent une passion commune. Les camps de préparation et les travaux de groupe poussent les jeunes à échanger développant une cohésion sociale entres les participant-e-s voire une certaine complicité.

 

 

« Si nous ne pouvons pas occulter les inégalités, nous pouvons faire en sorte que les femmes se sentent plus à l’aise dans un milieu encore majoritairement perçu comme masculin, en favorisant la représentation des femmes dans la physique. »

 

 

Encouragez-vous consciemment d'autres motivations, par exemple la coopération, la curiosité ou le plaisir?

Chaque année, nous prenons du recul sur le déroulement du concours sous l’angle des motivations des participant·e·s. Durant les camps, nous essayons de mettre en place des activités qui favorisent l’apprentissage et cela passe également par la dimension sociale et le plaisir d’apprendre. Les Olympiades doivent rester quelque chose que les étudiant·e·s font par passion. Sur cette base-là, à titre d’exemple, nous avons organisé une visite du Paul Scherrer Institut (PSI) pour inspirer les jeunes ; une sortie qui fut l’occasion d’échanger avec une physicienne.

Je souhaiterais également insister sur le fait que les camps que nous organisons permettent également aux jeunes d’échanger avec des bénévoles de tous types (enseignant·e·s, étudiant·e·s, doctorant·e·s), actif·ves dans le milieu scientifique et de leur poser des questions sur par exemples, les études ou les possibilités de carrières.

 

Existe-t-il d’autres événements de ce type au sein des Olympiades de physique ou d’autres idées de projets sur la thématique de l’égalité des genres?

Nous réfléchissons sur les potentielles causes à l’origine de la diminution du taux de femmes entre les différentes phases du concours. Depuis que nous avons mis en place le tour en ligne et le camp de préparation qui s’ensuit en automne (étapes supplémentaires par rapport au déroulement classique des Olympiades), beaucoup moins de filles parviennent à atteindre la finale. De ce fait, nous nous interrogeons sur le potentiel rôle de ces deux étapes: ont-elles une influence sur le taux de réussite des jeunes femmes? Deux pistes de réponse sont étudiées.

La première repose sur l’organisation du camp d’automne. Ce dernier est planifié de sorte que les jeunes ont, au cours de la semaine, 4 heures de cours et 4 heures d’exercices par jour. Nous pourrions éventuellement adapter le contenu afin que les jeunes aient également un programme « post-camp » sur plusieurs semaines où ils·elles pourraient faire des exercices à la maison (sous forme de challenges), avec la possibilité d’envoyer leurs travaux en vue d’une correction par les bénévoles ; le tout moyennant une éventuelle récompense à la clef basée sur la qualité des exercices rendus. Cela permettrait, entre autres, d’accorder une plus grande place à la dimension sociale du camp d’entraînement, peut-être davantage valorisée par les jeunes femmes ; sans pour autant diminuer le niveau de connaissances acquis.

La seconde piste consisterait à aborder le thème de l’égalité des genres lors des activités du soir en organisant des débats, éventuellement animés par des invité·e·s. De tels échanges permettrait d’adresser des problématiques potentiellement rencontrées par les participantes tout en sensibilisant plus largement l’ensemble des participant·e·s.

 

Est-ce que le fait d’être une femme dans ce milieu est ou a été un sujet de préoccupation lors de tes études et/ou dans ta carrière professionnelle?

Je n’ai jamais ressenti une forme de sexisme. J’ai étudié dans un milieu bienveillant (jamais de remarques déplacées ou de situations problématiques). En revanche, c’est vrai que le pourcentage de femmes dans ma volée a diminué au fur et à mesure de l’avancée de mon parcourir académique. Il y avait également plus d’enseignants que d’enseignantes de physique. Quant à ma future carrière professionnelle, je n’ai à ce jour pas de raisons de m’inquiéter – j’ai à priori, les mêmes droits que les hommes! (rires)

 

À quoi ressembleraient, selon toi, les Olympiades de physique idéales en termes de répartition des sexes?

Idéalement, les Olympiades devraient compter autant de femmes que d’hommes passionné·e·s par la physique. Cependant, le fait que les filles ne soient pas poussées à choisir cette filière repose sur des questions qui dépassent les Olympiades; il s’agit davantage d’une question d’éducation. Si nous ne pouvons pas occulter les inégalités, nous pouvons faire en sorte que les femmes se sentent plus à l’aise dans un milieu encore majoritairement perçu comme masculin, en favorisant la représentation des femmes dans la physique.

 

 

Alexandra Smirnova, 20 ans, ancienne participante et bénévole depuis 2021, est en deuxième année de Bachelor en physique à l’Université de Genève et aspire à faire de la recherche en physique théorique. A côté de ses études, elle joue notamment du violon et fait partie d'un orchestre amateur, Juventutti.

 

 

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